La t?l?vision joue du scalpel le 11-04-2007 à 19:20
Les s?ries m?dicales : D?cryptage d'un succ?s garanti
Comme si on ne perdait pas assez de temps ? attendre sa radio dans les salles d'h?pital, les cha?nes de t?l?vision nous abreuvent de s?ries m?dicales qui vont de la plus palpitante ? la plus neurasth?nique. Rien de mieux pour soigner ses sympt?mes d'hypocondriaque que de chercher ? comprendre pourquoi la t?l? nous veut malades.


1. Les s?ries m?dicales
2. Dr House
3. L'h?pital en 10 s?ries cultes


Depuis le succ?s de ER (Urgences) sur NBC dont la premi?re saison remonte ? 1994, les m?decins fascinent nos esprits via le petit ?cran. Et pourtant, il faut le reconna?tre : les trois quarts du temps, on ne pige rien ? ce qu'ils disent (? Vite, je veux 3 cc de morphine et qu'on pratique une NFS fissa, j'ai peur qu'il ne fasse une asystolie et qu'on ne soit oblig? de l'emmener au BO pour une thoracotomie ?), on les regarde s'agiter, sauver ou perdre des vies et on se passionne pour leurs histoires d'amour entre coll?gues - alors que franchement, quand c'?tait Vivement Lundi, il n'y avait plus personne. Mais qu'y a-t-il donc de si fascinant chez les asserment?s d'Hippocrate ? Et comment la t?l?vision est-elle devenue leur salle d'op?ration de pr?dilection ?

Difficile de savoir d'o? vient cette id?e populaire, mais c'est un fait ?tabli : les m?decins sont beaux. Ils bossent comme des fous pour obtenir leur dipl?me, mais ?a ne les emp?che pas d'aller au Gymnase Club d?s qu'ils ont cinq minutes apr?s avoir pass? quatorze heures au bloc op?ratoire. Le personnel, infirmiers ou infirmi?res, sort tout droit d'un d?fil? de mode. ? peine y a-t-il quelques exceptions comme Jerry Markovic de ER (ex Koubiac de Parker Lewis ne meurt jamais) qui s'occupe de l'accueil des malades au Cook County General Hospital de Chicago. Il n'y a qu'? voir le casting de House, de Grey's Anatomy ou de Nip/Tuck dans la sp?cialit? chirurgie esth?tique pour s'en convaincre. L'avantage : c'est plus joli ? regarder, et quand l'?pisode est moyennement palpitant, ?a permet toujours de se rincer l'oeil.
Des histoires de cul ? moindre co?t
Le premier vrai succ?s du monde m?dical ? la t?l?vision remonte ? 1963 et le soap General Hospital. L'h?pital de Port Charles dans l'?tat de New York est ? l'origine de romances et d'intrigues de couloir ? n'en plus finir et c'est ce qui scelle la r?ussite de cette premi?re fiction hospitali?re (? Non, John, vous vous trompez. Rebecca ne peut pas devenir votre ?pouse car c'est la belle-soeur de ce lieutenant revenu il y a dix ans du Vi?t-Nam avec une jambe boiteuse ?). Ce sont ?galement les histoires d'amour qui ?moustillent le c?ur des fans de ER, de la relation de John Carter avec Abby au d?c?s de Mark Greene et la peine de sa compagne, Elizabeth Corday. R?cemment, Grey's Anatomy a ?t? surnomm?e ? Desesperate Surgeons ? tant les coucheries entre les futurs m?decins sont devenues l'enjeu majeur de la s?rie. Et puis, les histoires d'amour ou de fesses, c'est toujours pratique : ?a permet de faire des ?pisodes fleuves o? les personnages se parlent des heures sur leurs relations sentimentales. C'est universel et le public s'identifie, mission accomplie.

S'affranchir des quotas ethniques
Pour le producteur d?sireux de remplir la part de repr?sentation des minorit?s, autant le dire, la s?rie m?dicale est id?ale. La communaut? sino-am?ricaine n'est pas assez pr?sente ? Hop, deux femmes cambodgiennes am?nent leur gosse malade (House). Il faut rendre hommage aux am?rindiens ? Voici justement le dernier repr?sentant des Cheyennes qui arrive pour une sombre histoire de cholest?rol (ER). Il y a m?me les minorit?s qu'on n'attend pas, comme Goran Visjnic, Yougoslave remarquable dans la m?me s?rie-phare de NBC. ? noter ?galement, la pr?sence syst?matique dans ces fictions d'un et d'un seul m?decin afro-am?ricain (ER, House, Grey's Anatomy, etc.). Pas un de plus.

Les acteurs ? la casse
Qu'il s'agisse de General Hospital ou de ER, lorsque le casting d'une s?rie m?dicale vieillit, fatigue ou devient trop cher, il est facile ? remplacer. Puisque le personnage principal de la s?rie est l'h?pital, le turn-over des acteurs ne pose aucun probl?me, ce qui permet un renouv?lement constant et l'arriv?e de nouvelles t?tes. Ainsi dans ER, George Clooney peut se tirer sans que cela soit un drame, Anthony Edwards mourir d'une tumeur particuli?rement retors, Noah Wyle s'envoler pour l'Afrique (apr?s de longues h?sitations), la s?rie ne s'en portera que mieux. Voil? qui rappelle Friends o? le Dr. Drake Ramoray (Joey dans le soap ? Days of Our Lives ?, pur pastiche de General Hospital) meurt par inadvertance en chutant dans la cage de l'ascenseur. Plus dur ? r?aliser avec des s?ries comme House o? le personnage principal redevient l'acteur.

De l'action ? tout moment
Si ? l'h?pital on soigne nos douleurs et nos peines, du rhume ? la rage de dent, c'est aussi l? o? surgissent de nulle part des effusions de sang, des secousses de corps en fibrillation ou des attaques cardiaques spectaculaires. Tout cela rehauss? de travellings d?lirants gr?ce aux longs couloirs de l'h?pital. Ainsi, notre part d'animalit? avide de rouge se repa?tra d'une op?ration que le r?alisateur montrera avec grand r?alisme ou d'un homme qui arrivera agonisant dans son sang apr?s une incroyable fusillade. Le lieu m?me facilite l'?criture de rebondissements efficaces et permet au sc?nariste de se sortir d'une longue discussion st?rile entre deux h?ros amoureux. Mention sp?ciale ? Abby et Carter dans ER et leurs interminables prises de bec ou bien, dans la m?me s?rie, ? Eriq Lasalle et ses difficult?s de baby-sitting toujours passionnantes. House utilise, lui, le principe de l'image num?rique pour nous plonger litt?ralement dans le quotidien des cellules nerveuses en d?composition, des globules blancs qui se baladent dans le sang ou des aiguilles qui rentrent dans les vert?bres. Pas toujours r?ussi.

Un succ?s ? tous les coups parce qu'en fait, on a tous la trouille de mourir
Depuis ER, le nombre de s?ries qui se passent dans le monde m?dical est en constante inflation. Il faut reconna?tre que pour un producteur, c'est le coup s?r ? jouer. Car, si ? l'?poque, Michael Crichton avait d? convaincre nombre de directeurs de production pour vendre son ER, aujourd'hui n'importe quel t?cheron qui tape ? la porte d'une cha?ne de t?l?vision avec un projet de s?rie hospitali?re est accueilli les bras ouverts. Mais rien de plus normal : le lieu est familier du public, les hypocondriaques guettent les sympt?mes pour les confronter aux leurs et les rat?s de m?decine tentent de prendre des cours de rattrapage. L'identification est imm?diate, le quidam se retrouve dans la maladie, qu'il conna?t ou qu'il conna?tra. Et puis, c'est culturel : on a la frousse de crever et l'h?pital n'est jamais loin du d?c?s. Alors, tant qu'? faire, autant imaginer que ce soit ? c?t? de George Clooney.

Mark Seversen

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