Dr Beno?t Jerry Papon : ?C?est la seule s?rie ? ?tre aussi proche de la r?alit
Le 24-08-2009 à 11:30
 
Ancien chef de service des urgences d?un grand h?pital parisien, le Dr Beno?t Jerry Papon est traducteur de la s?rie depuis sa cr?ation.
France soir l'a interviewer

FRANCE-SOIR. Vous traduisez les dialogues de la s?rie depuis quinze ans. Comment avez-vous ?t? choisi ?
BENO?T JERRY PAPON. Le public fran?ais est tr?s exigeant. Beaucoup de t?l?spectateurs ?crivent aux cha?nes pour se plaindre. France 2 n?avait pas envie d?avoir de probl?me de traduction, elle a donc demand? ? ce qu?un m?decin v?rifie le jargon m?dical.

La Warner USA travaillait avec l?Acep (American College of Emergency Physicians) qui r?unit les 24.000 urgentistes aux Etats-Unis. Ils ont fait appel ? tous pour agr?menter le sc?nario d?histoires v?cues, qu?elles soient dr?les, tristes ou originales. J??tais inscrit ? l?Acep depuis 1987 et quand la Warner a fait appel ? moi, j?ai accept?.

Est-ce fid?le ? la r?alit? des urgences ?
C?est la r?alit? par le prisme de la t?l?vision. Toutes les histoires sont vraies, mais il y a plus d?arr?ts cardiaques que d?entorses, alors que dans notre m?tier, c?est souvent l?inverse. Pour une s?rie m?dicale, il est s?r qu?il vaut mieux quelques frissons et du sang que de simples maux de ventre et de t?te. Il y a quelques aberrations, comme le fait qu?en une saison une infirmi?re devienne m?decin (Abby Lockhart) et qu?un ambulancier devienne interne (Tony)?

C?est comme si dans Les Experts les personnages ?taient habill?s comme dans la r?alit? avec des combinaisons qui prot?gent tout leur corps, c?est quand m?me plus sympa de voir une belle blonde en jupe. Enfin, il y a aussi les fantasmes li?s ? la blouse blanche : le m?decin qui couche avec les infirmi?res. En revanche, la s?rie pointe bien le manque de moyens financiers.

Qu?est-ce qui fait le succ?s de la s?rie ?
Les sc?naristes d?Urgences ont eu le courage de soulever des faits de soci?t? sans prendre parti. Par exemple, le fait qu?aux Etats-Unis des gens meurent car ils n?ont pas de m?dicaments. Ils ont os? parler du sida, des erreurs m?dicales, des femmes battues, du Darfour, th?me cher ? George Clooney? Et puis, l??pisode tourn? en direct a ?t? un vrai pari et ?a n?a pas loup?, il a ?t? une vraie r?ussite en terme d?audience. C?est la seule s?rie ? ?tre aussi proche de la r?alit? : ils n?ont pas h?sit? ? montrer le sang, le vomi? C?est ?a, les urgences.

La s?rie aide-t-elle ? vulgariser la m?decine ?
?a a permis aux gens de mieux appr?hender ce qui se passe. On ne fait pas attendre les patients pour le plaisir. Un m?decin s?occupe de cinq cas en m?me temps. Aux Etats-Unis, on sait le temps d?attente aux urgences, il est indiqu? dans les flashs d?information. L?an dernier, un Am?ricain sur 2,5 a consult? aux urgences pour un Fran?ais sur six. Et puis, il n?y a pas de m?decin traitant. La s?rie a permis de d?mythifier le r?le du m?decin, montrer qu?il n?est pas imperm?able et qu?il se d?carcasse. On en prend plein la gueule certains jours quand on perd un patient, on met du temps ? s?en remettre.

Qui est le h?ros de la s?rie ?
C?est l??quipe. Il est important de comprendre sa force aux urgences. On travaille tous ensemble : m?decins urgentistes, infirmi?res, chirurgiens? L?ambiance est familiale. Mon personnage pr?f?r? est Mark Green. J?ai ?t? chef de service et j?aurais aim? avoir le m?me bon sens et la m?me humanit? que lui. Et puis je tiens ? pr?ciser qu?il y a un mot qui r?sume les acteurs et les doubleurs : l?admiration. En effet, ce sont des gens qui ne connaissent rien aux termes m?dicaux et ils doivent ?tre cr?dibles en pronon?ant des expressions qu?ils leurs sont inconnues.

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